Transat retour
Publié le 27 juin 2020Voilà bientôt 3 semaines que nous sommes arrivés à Madère, bien occupés à remettre le bateau en ordre et à trouver des solutions pour la réparation du pilote et le remplacement de la cadène. Mais d’abord, revenons sur la transat qui nous a mené jusqu’ici.
Nous sommes partis le 13 Mai de St Martin avec des prévisions météo qui semblaient classiques pour rejoindre les Açores: des alizés d’Est les premiers jours et peu de vent ensuite avec un anticyclone situé sous les Açores. Nous avons donc fait une route au NNE les 5 premiers jours, au près par 15 Nds, avant d’aborder une zone de vent faible durant une trentaine d’heure.
La situation a alors changé du tout au tout car dans un premier temps l’anticyclone s’est échappé vers le golfe de Gascogne avant de se reformer et de gonfler au centre de l’Atlantique, générant des vents de NE soutenus sur l’ensemble de la partie Est de l’océan. Cette situation, la plus défavorable pour rejoindre les Açores, stationnaire durant plus d’une semaine, nous a obligé du 19 au 27 Mai, à tirer un long bord de près, babord amure, nous rapprochant peu de notre destination mais nous permettant de gagner dans l’Est. Le 27 Mai, le vent s’étant orienté plus Est, nous avons viré de bord, tribord amure, avec un cap au NNE.
Le 28 Mai dans la nuit, le pilote automatique est tombé en panne. Situation préoccupante dans la mesure où la fatigue commençait à se faire sentir car nous naviguions déjà depuis 10 jours, au près dans une mer formée avec des vents de l’ordre de 20 Nds. Heureusement, le régulateur d’allure était à poste et bien que je n’aie jamais réussi à le faire fonctionner correctement lors de tentatives passées, nécessité faisant loi, j’ai vite appris à l’utiliser.
Le 1er Juin, à 220 milles d’Horta, alors que nous faisions toujours route tribord amure, en direction de Florès (avant de virer sur Faïal), un tirant de la cadène du bas-hauban arrière tribord a cassé et celle-ci s’est arrachée.
La tenue du mât étant compromise et comme il n’était plus possible de naviguer sur cette amure et de nous rendre aux Açores sans risquer de le perdre, nous avons viré de bord et mis le cap sur Madère. Bien qu’il nous faille parcourir 800 Nm pour atteindre cette île, compte tenu des conditions météo, nous étions à peu près assurés d’avoir des vents de NE et de naviguer babord amure. Hormis la journée du 5 Juin où nous avons dû traverser une zone de grains violents et de vents instables, nous avons eu de bonnes conditions de navigation sur cette fin de parcours. Nous avons juste perdu l’information de l’anémomètre dont la partie mobile s’est bloquée. Nous sommes arrivés à Funchal le 7 Juin, après avoir parcouru 3 350 Nm, mais avec la satisfaction d’avoir pu conserver le mât, debout sur le pont.
Compte tenu de la situation sanitaire liée au Covid 19, et bien que nous ayons passé 25 jours en mer et étions exempts de tout symptôme, la police maritime de Funchal nous a interdit l’accès au port et imposé une quinzaine au mouillage dans l’avant port, sans possibilité de débarquement. Pour une raison mystérieuse, l’interdiction a été levée au bout de 8 jours et nous avons pu rentrer au port et débarquer. Après quelques jours, nous avons rejoint la marina de Quinta do Lorde, à l’extrème Est de l’île, pour attendre la fourniture de la cadène et préparer le bateau.
Marina de Quinta do Lorde où nous sommes le seul bateau de passage. Le complexe touristique auquel elle appartient a fait faillite et est totalement désert. Il n’y a plus aucun commerce ni service.
Concernant les réparations, j’ai ouvert l’unité de puissance du pilote automatique et constaté que malgré mes craintes, les charbons du moteur étaient en bon état. Je l’ai également fait tester par Sailing Madeira Performance* qui m’a confirmé son bon état de fonctionnement. Comme une intervention sur le calculateur n’était pas possible sur place, je me suis limité à contrôler le circuit d’alimentation et à remplacer le disjoncteur, sans doute âgé de plus de 30 ans. D’après les avis recueillis auprès de personnes compétentes, il semble que 80% des pannes attribuées au calculateur ont pour origine, un défaut d’alimentation. Toujours est-il que lors de la petite navigation de 2 heures (au moteur) pour rejoindre le port de Quinta do Lorde, le pilote a fonctionné (alors qu’il débrayait après quelques minutes de fonctionnement).
Concernant la cadène, toujours par l’intermédiaire de Sailing Madeira Performance, nous en avons commandé 2 à un chaudronnier local (InoxLobos) et devrions les avoir à la fin du mois (de Juin).
Dès que la cadène sera remontée, et comme nous avons décidé de passer l’hiver à Arzal pour contrôler les autres cadènes et refaire éventuellement le pont, nous mettrons le cap vers la Galice, sans doute via les Açores.
Sailing Madeira Performance: Olivier PERROZ – +33 686 490 913 / 351 939 105 167 – sailingmadeirayahoo.com