Le Bilan
Publié le 4 août 2018Comme nous remontons tranquillement les rias de Galice, il est temps de faire un petit bilan de cette année de navigation.
Les Antilles:
Comme nous n’avions pas d’attente particulière, nous n’avons pas été déçus. Il y a des régions où le peu d’intérêt des paysages est sauvé par l’accueil des populations, aux Antilles, du moins pour les îles indépendantes du sud, c’est le contraire. Nous avons été surpris par le coût de la vie, notamment dans les îles françaises où la production locale semble confidentielle. Cela dit, le séjour reste plaisant car les conditions de navigation sont excellentes, avec des vents relativement constants en force et en direction, et des îles assez proches l’une de l’autre. Le climat, la température de l’eau et la beauté des fonds incitent à la baignade et le temps passe agréablement. Si nous devions avoir un regret, ce serait peut-être de n’avoir pas été assez curieux de l’intérieur des îles. Durant notre séjour aux Antilles, malgré le nombre de bateaux sur zone, nous n’avons pas fait de rencontre. Ceci est sans doute dû au fait que nous avons évité les marinas et de notre peu d’intéret pour les soirées Punch-Langouste. En fait, c’est aux Canaries et aux Açores que nous avons pu sympathiser avec d’autres équipages.
Pour le coté technique, nous avons toujours navigué sous génois et Grand-voile, plus ou moins arisés. Malgré le vent, nous n’avons pas connu de soucis de mouillage (Fob HP 24 Kgs avec 50 mètres de chaîne de 10 + 40 mètres de bout de 20). Pour l’énergie, cette fois grâce au vent, nous avons été totalement autonome durant plus de 3 mois grâce à l’éolienne (ATMB 350w). Par contre, mais nous le savions au départ, nous étions un peu léger au niveau de l’annexe (2.40m, fond plat à lattes et moteur Honda 2.3). Elle nous a rendu bien des services mais il faut reconnaitre qu’un modèle avec quille et une motorisation plus puissante (6 Cv) aurait été appréciable dans les mouillages clapoteux. Cela dit, comme il est hors de question d’installer des bossoirs, nous garderons notre annexe. Concernant l’eau douce, avec 600 litres en réservoirs, nous n’avons eu aucun problème d’autonomie. Même si elle est payante, on en trouve facilement et elle reste moins chère que celle fournit par un dessalinisateur. Pour le gazole, pas de problème également car on navigue à la voile.
Les Transats:
En essayant, grâce au téléphone satellite, de nous positionner au mieux dans les configurations météos rencontrées, et avec de la chance, nous avons bénéficié de conditions clémentes pour les deux transats. A l’aller, nous prenions les cartes météos (48h et 96h) et un fichier grib (400 Nm devant/4 jours) tous les 2 jours. Nous avons fait de même au retour mais avec une fréquence quotidienne. Au final, pour nous et contrairement à notre attente, la transat aller (à cause du roulis permanent dans la mer arrière) s’est révélée plus éprouvante que le retour. Nous avons fait la transat aller intégralement à la voile, mais nous avons dû marcher au moteur durant près de 3 jours lors du retour (vitesse au moteur: 4 Nds du fait de l’état de celui-ci). A l’aller, nous avons navigué sous génois tangonné (plus ou moins roulé) et Grand-voile (à 1 ou 2 ris), avec quelques empannages pour suivre les variations de l’orientation du vent. En fait, nous n’avions qu’un ris à prendre car nous avions envoyé notre ancienne GV coupée sous le 1er ris. Nous avons d’ailleurs gardé cette voile durant tout notre séjour aux Antilles. Au retour, nous avons marché à toutes les allures et utilisé toutes les voiles. Hormis, des traces d’usure sur la bande UV du génois, les voiles ne présentent pas de déformation visible. En conclusion, nous sommes satisfaits de nos choix mais il faut reconnaitre que pour ce type de navigation, une trinquette sur enrouleur aurait été appréciable.
En hiver et à cette latitude, les nuit sont longues. Pour la veille, nous avons surtout compté sur notre récepteur radar Mer-Veille car nous n’allumions le traceur qu’occasionnellement (vers minuit et quand le Mer-Veille nous avertissait). En fait, hormis 3 cargos détectés à l’AIS (dont un visible à moins de 5 milles), nous n’avons vu aucun bateau. Dans les alizés, nous étions partis du principe que seuls les cargos sont à redouter car les voiliers font tous la même route avec de faible vitesse de rapprochement. Cette théorie a ses limites car sur le retour, nous avons été doublé par un maxi-voilier d’une quarantaine de mètres qui marchait à 14 Nds. Comme la majorité des voiliers quitte le nord des Antilles vers les Açores en Mai, il y a du monde sur l’eau à cette époque et la veille doit être plus attentive sur le trajet retour. Nous avons navigué à vue avec plusieurs bateaux et allumé le traceur chaque nuit. La navigation requière plus d’attention, mais est plus plaisante du fait des contacts quotidiens avec les autres voiliers.
Pour la vie à bord, après 2 ou 3 jours pour trouver notre rythme (surtout à l’aller), nous avons occupé nos journées à lire, à préparer les repas (même s’ils étaient parfois succincts et que l’élaboration se limitait à faire bouillir de l’eau pour les Bolinos), à collecter les infos météos et à bricoler pour l’entretien courant.
Contrairement aux années précédentes, nous avons vu peu de mammifères marins et remarqué, sans vouloir en tirer de conclusion, que les poissons volants récoltés chaque matin sur le pont étaient de taille plutôt réduite (environ 10 cm). Lors de ma dernière transat, il y a une trentaine d’année, ils faisaient plus du double. Par contre, entre les Antilles et les Açores, nous avons croisé de nombreuses Physalies (méduses à voile). Dés que nous avons été dans les alizés (à l’aller) et dans la zone tropicale (au retour), la mer était parsemée de bancs de sargasses rendant la pêche à la traine impossible. Aux Antilles, certains ports (notamment St François en Guadeloupe) étaient envahis par les algues.
Pour l’aspect technique, nous avons été totalement autonome en énergie à l’aller grâce à notre Aquagen. Au retour, comme nous avions perdu la turbine de l’Aquagen, nous n’avons pu compter que sur l’éolienne et avons eu recours, durant 4 heures, au groupe électrogène. Donc, nous sommes des aficionados de l’Aquagen, même s’il faut convenir que les bagues de fixation de la turbine ne sont pas adaptées pour une utilisation prolongée. L’amélioration du système fera partie des travaux de l’hiver prochain.
Le bateau:
Hormis le moteur qui était déjà fatigué au moment du départ, nous n’avons pas connu d’avaries majeures. Pour le moteur, dont le pronostic vital semble engagé (consommation et fuites d’huile, fuite de gazole à la pompe à injection, etc …) nous allons étudier dès notre retour les possibilités de remotorisation. Il faudra trancher entre le mieux (moteur neuf plus puissant) et le financièrement raisonnable. De plus, malgré la réparation du tube de jaumière avant le départ, la mèche du safran présente encore un jeu important et il ne fait pas de doute qu’il va falloir installer un palier au niveau de la partie supérieure de celle-ci.
En fait, ce voyage, interrompu après quelques mois, nous aura permis de tester le bateau et de voir où nous en étions. Il y a quelques travaux à faire, des améliorations à apporter et nous devons mieux préparer le côté logistique afin de minimiser les soucis administratifs. Nous avons un hiver pour remédier à tout cela afin de repartir au printemps prochain.
Pointe de la Barca (Ria de Camariñas).
Castro de Baroña (Ria de Muros).